Chronique de Jacques Ladyjensky N°6, 27 octobre 2023

Plus que jamais, le régime méditerranéen vient s’imposer. Voici trois événements récents qui en témoignent.

Rappelons que les études médicales faites sur cohortes aux USA et ailleurs, ont démontré le rôle favorable de cette alimentation dans l’amélioration de la longévité humaine. Et de manière plus spéciale, celle qui nous concerne, dans l’amélioration de nos facultés de vision; avec, ici, en plus, un accompagnement accentué de prise de l’antioxydant lutéine.

Entre autres publications faisant le point, rappelons, vu qu’on l’a sous la main, le recueil   Culinaire Oculaire, cent vingt pages de 2018. Depuis lors, des progrès ont encore eu lieu, par rapport à ceux cités dans le livre,  et on prend la liberté ci-dessous de signaler 3 faits marquants.

1. Les études comparatives de régimes : triomphe du Régime Méditerranéen.

La très sérieuse revue  US News and World Report fait chaque année  une comparaison fort étudiée de tous les régimes. En 2023, c’est pour la septième année consécutive que le Régime Méditerranéen l’emporte sur tous les autres et de très loin. Il n’est surpassé que par son propre enfant, le Dash, qui consiste à admettre un peu de vin rouge au sein du régime méditerranéen.

L’ American Heart Association  a embrayé et s’est rangée à une conclusion identique. Même chose pour l’American Diabetes Association, et puis le  National Health Service.

Des adversaires existent.   ( Il y aura toujours des adversaires aux propositions.)  La principale objection est la suivante. Vu la suppression du lait de vache et de ses (nombreux) dérivés, on peut craindre une carence en calcium. Même objection pour une possible carence en fer, du fait de la suppression des principales viandes.  A quoi on peut répondre que lors des prélèvements sanguins, qui sont de nos jours couramment et régulièrement pratiqués pour des raisons médicales diverses, on peut demander son dosage du calcium et du fer, – c’est un simple geste qui peut être routinier. Et corriger par une supplémentation appropriée ne pose guère de problème.

2. Le NUTRI-SCORE.

Introduit en 2016 par le ministre français de la santé, le Nutri-Score a été rapidement adopté par les pays voisins, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Suisse et autres.  Il consiste à placer sur les emballages alimentaires un étiquetage allant du  A  au  E, en fonction de la valeur nutritionnelle. On recommande de s’en tenir à acheter les produits marqués   A  ou  B.  Il se fait, et chacun de nous pourrait le constater en étudiant la chose de plus près, qu’on s’approche ainsi du Régime Méditerranéen. Donc, très bonne nouvelle.

Inutile de dire que les adversaires, ici, sont particulièrement nombreux et se sont déchainés contre cet étiquetage. Il s’agit évidemment de gros groupes agro-alimentaires qui craignent une baisse de chiffre d’affaires.

Chez nous, dès l’adoption officielle du système, en 2019, Delhaize et Colruyt ont décidé de l’appliquer et en restent le fer de lance aujourd’hui. Un grand pas en avant s’est effectué par l’adoption de cet étiquetage par le groupe Nestlé-Danone, après des débats internes qu’on a qualifié d’orageux. Mais en revanche, de gros groupes comme Coca-Cola, Mars, Unilever, ont annoncé être opposés au Nutri-Score.

Les consommateurs eux, semblent massivement l’approuver. Une enquête en France en 2019 a montré que 90% d’entre eux émettaient un avis favorable et 40% en avaient déjà acheté, contre 14% un an plus tôt.  En France les groupes Intermarché, Leclerc, Auchan, l’ont adopté mais Carrefour hésite, avec, parait-il, d’orageux débats au sein de la famille propriétaire du groupe.

En France, les grands industriels du lait se sont associés en un « Centre de Recherche et d’information nutritionnelle » qui donne des conférences de presse pour discréditer le système. En Italie la chose a pris une tournure politique. La droite et l’extrême-droite estiment qu’il pénalise injustement certains des produits emblématiques, du pays, – comprenez : les fromages , qui ne reçoivent qu’une cotation D ou E les faisant, en pratique, proposés au rejet par le consommateur.

3. Régression en Afrique.

Il s’agit ici d’information négative, pas très plaisante,  et je n’écris les lignes sui suivent, qu’avec des « pieds de plomb », si j’ose dire.

Parallèlement à l’augmentation constante d’année en année, du niveau de vie en Afrique (le PIB par habitant) on constate, parait-il, une baisse de la longévité de la population. Ce serait attribué au fait que les Africains bénéficiaires de l’augmentation en question, se sont précipités vers des aliments occidentaux à forte promotion commerciale et très tentants, comme les pizzas, les ice-creams, les sodas sucrés, les produits chocolatés, etc. au détriment de ce qu’ils ingéraient traditionnellement et qui était fort apparenté au régime méditerranéen.

(Ceci me rappelle une phrase de mon livre, -une citation du président Salazar : « Nous ne vouons pas du Régime Méditerranéen au Portugal. C’est la cuisine du pauvre. »)